Le projet PERSEUS du CNES

PERSEUS est un projet étudiant de recherches spatiales de fusées expérimentales lancé par le CNES en 2005. Il regroupe des équipes d’élèves issus de toutes les écoles d’ingénieurs, d’universités et d’associations étudiantes de France. L’un des objectifs du projet est le développement d’un démonstrateur bi-liquide réutilisable éco-conçu réalisé par des étudiants. Un nouveau démonstrateur du nom d’ASTREOS est en développement depuis 2018 : une fusée propulsée par un moteur alimenté par un mélange LOx/Ethanol. Des élèves de l’école en deuxième année, Pierre Foulquier, Terence Bauge, et Lucas Braga interviennent depuis fin décembre 2022 sur une future deuxième version. Rencontre.

Comment avez-vous intégré le projet ?

Vers octobre/novembre 2022, l’un de nous a écrit une lettre de motivation spontanée directement à l’un des coordinateurs du projet. S’en est suivi des échanges de mails et des appels téléphoniques, principalement pour présenter l’école et ce qu’on pouvait apporter au projet. A partir de là, nous avons monté une équipe (3 élèves de SUPMICROTECH-ENSMM et 2 élèves de IMT Nord Europe) et cela s’est mis en place petit à petit.

L’élément indispensable pour prendre part au projet c’est la motivation pour deux raisons principales :

  • Il faut arriver à marier les cours et le travail personnel.
  • Il faut faire avancer le projet même si nous ne verrons pas forcément la finalité en tant qu’acteurs !

Nous sommes d’ailleurs ouverts à d’autres élèves motivés pour rejoindre notre groupe !

Le projet se présente en plusieurs gros modules, sur quelle partie travaillez-vous ?

Nous travaillons sur une future version d’ASTREOS, plus particulièrement sur le TVC (Thrust Vector Control), qui vient se positionner entre le bloc moteur et le corps de la fusée.

C’est une partie qui permet d’orienter le bloc moteur afin d’agir activement sur la trajectoire de la fusée. En pratique, elle ne pourra pas quitter l’atmosphère pour l’instant mais peut tout de même atteindre une altitude d’une dizaine de kilomètres. Un premier lancement est prévu au plus tôt en 2025 et aura lieu au nord de la Suède, au centre spatial de Kiruna (Esrange).

 

 

Concrètement, comment travaillez-vous sur le projet ?

Il y a un travail personnel, chacun de notre côté, sur notre temps libre. Nous avons également une plateforme qui nous permet de travailler en groupe.

Régulièrement, nous organisons une réunion en groupe ou avec le coordinateur de notre module. Nous rendons compte de l’avancée du projet, nous nous fixons les prochains objectifs de travail, nous définissons les pistes que nous pouvons travailler davantage ou celles que l’on peut écarter…

Cette mise en commun permet au projet de prendre forme : nous travaillons tous ensemble indirectement. Chaque module dépend d’un autre. Par exemple, si nous voulons intégrer notre système sur un futur démonstrateur, cela va impacter l’encombrement sur la fusée, son poids, est-ce que cela ne va pas gêner le travail d’un autre groupe ? C’est pour cela que la communication est très importante !

Quels sont les avantages à participer à ce projet ?

Nous sommes tous les 4 attirés par l’aéronautique et le spatial donc le fait de prendre part à un projet du CNES, le leader du spatial en France, c’est vraiment une chance pour nous.

C’est un gros plus d’avoir une expérience comme celle-ci. C’est un projet qui a aussi l’avantage de regrouper des étudiants de plein d’écoles différentes et qui ont la même passion du secteur aérospatial et aéronautique. Par exemple, des conférences sont organisées avec des intervenants extérieurs. Nous avons pu y participer et poser nos questions. La dernière, c’était avec Arnaud Prost, membre de la réserve des astronautes de l’ESA et ancien étudiant sur PERSEUS. C’est comme une grande famille, avec laquelle on peut échanger à tout moment sur la plateforme, nous-même, nous nous basons sur le précédent travail des élèves d’autres écoles.

Justement, est-ce que vos connaissances acquises à l’école sont un atout pour mener à bien ce projet ?

Oui, ce que nous apprenons en conception mécanique, en électronique, en calculs des structures est un gros plus car c’est le cœur de notre sujet !

Mais nous avons aussi besoin de connaissance en programmation informatique, dans l’utilisation d’autres logiciels… Nous nous formons donc aussi de notre côté. Cela implique de penser à la suite, quand, nous-même nous laisserons notre travail à une future équipe : il faut être clair sur les aspects techniques afin que les prochains puissent reprendre notre travail. On ne peut pas se permettre de travailler sur un tel projet sans laisser de traces écrites des raisons pour lesquelles nous avons échoué sur ce point, ou pourquoi nous sommes allés dans cette direction là… Tout doit être justifié pour la suite !

Et comment va se dérouler la fabrication ?

Pour la fabrication du démonstrateur, le CNES fait appel à des sous-traitants ou à des sociétés partenaires. Il y a certaines pièces que les étudiants ne peuvent simplement pas faire. Pour le reste, on essaye au maximum de prendre « sur étagère », c’est-à-dire, d’utiliser des pièces qui sont déjà produites en série.