Diplômé en 1996, Olivier Mustière a poursuivi un parcours riche et pluridisciplinaire, abordant toute la diversité du métier d'ingénieur ! Il est aujourd'hui toujours en quête de nouveaux apprentissages et occupe une place importante pour tous les diplômés : il est le président de l'association des anciens élèves : SUPMICROTECH-Alumni. Il revient avec nous sur son parcours et sur son lien avec l'école.
Pourriez-vous nous raconter vos études à l'école ?
Après 2 années de classe préparatoire, au moment de faire mes choix d’Ecole parmi les « ENSI », je savais déjà ce que je ne voulais pas faire et ce qui m’intéressait le plus. La chimie et l’électronique ne figuraient pas parmi mes préférences ; au contraire, la mécanique des solides et des fluides m’attiraient. Je n’avais pas d’idée très arrêtée quant au secteur industriel vers lequel je voulais m’orienter, mais l’automobile, l’aéronautique, la défense, la construction navale (Je suis originaire de la région de Nantes – Saint Nazaire ou la culture des chantiers navals est forte.) faisaient partie du champ des possibles.
C’est ainsi que mes choix principaux se sont orientes vers : l’ENSICA Toulouse, l’ENSEEIHT Toulouse, l’ENSMA Poitiers, l’ENSEM Nancy, l’ENSIMEV Valenciennes, ENSHMG Grenoble et bien sur l’ENSMM Besançon.
Sur la base de mon classement à l’issue des oraux aux concours commun polytechnique (CCP ENSI) j’ai obtenu l’ENSMM dès le premier tour. Je n’ai pas attendu les tours suivants et n’ai même pas choisi l’option de cuber, j’ai donc confirmé l’ENSMM sur le minitel familial (internet ne faisait pas partie de notre environnement en 1993.) et ai pu profiter du reste de mes vacances d’été serein et satisfait.
Quel est votre meilleur souvenir à l'école ?
Je ne pense pas avoir un seul meilleur souvenir. Je garde de mes 3 années à l’École que de très bons souvenirs, des souvenirs ludiques, des souvenirs sportifs, festifs et académiques. Parmi les plus intenses je citerai :
- Mon brevet de pilotage sur l’aérodrome de Besançon la Veze grâce à une bourse de l’aviation civile
- Le club de handball de l’École avec mon binôme
- Le micro-ski chaque année en janvier, dont une fois comme président du club micro-ski
- Les week-ends snowboard à Métabief ou aux Rousses quand la neige était fraîche
- Les week-ends d’intégration
- Les parties de Baby-foot au foyer
- Les tournois inter ENSI à Bordeaux en 1994 et à Caen en 1996 (aujourd’hui cela s’appelle le TOSS)
- Le déménagement des locaux de la fac des sciences route de Gray vers la nouvelle école rue de l’épitaphe
- Les travaux pratiques d’usinage (j’ai adoré)
- Les cours de conception et de dessin industriel
- Les cours de maths en première année
- Les cours de mécanique discrète, vibratoire en troisième année option Méca
- Les week-end jeux de rôle avec les copains de promo
- Les premiers jeux vidéo « en ligne » sur réseau LAN seulement
Trois super années intenses et formidables
Que s'est-il passé après votre diplôme ? Quel emploi occupez-vous actuellement ?
Le diplôme en poche fin juin 1996, mon été est resté studieux puisque je poursuivais en parallèle de la troisième année, le DEA Acousto-Opto-Electronique et Mécanique des Structures conjointement dirige par la fac de sciences et l’Ecole. Cette formation se terminait par un stage de recherche appliquée, que j’ai réalisé entre le LMA à Besançon, l’Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique de Nantes et l’entreprise Zircotube a Paimboeuf (44). Le DEA en poche en septembre, je me suis embarqué pour la marine nationale pendant trois semaines à Hourtin dans les Landes avant mon affectation au Commissariat à l’Énergie Atomique à Bordeaux en tant que scientifique du contingent. En 1996, nous étions parmi les derniers puisque le service national a ensuite disparu.
Au cours de cette année au CEA, j’ai travaillé sur des problématiques de tests destructifs (analyse thermomécanique et mécanique dynamique rapide).
Jouissant d’une certaine autonomie sur les projets qui m’avaient été confiés pendant cette année, je me suis rendu compte qu’au-delà des aspects scientifiques qu’un ingénieur doit traiter, la dimension management de projet avait l’effet d’un aimant sur moi.
Aussi après quelques échecs en entretien sur des offres d’ingénieur contrat – ingénieur projet, j’ai pris conscience de mes lacunes sur certains sujets (coûts, planning, logistique, gestion contractuelle et financière…), j’ai décidé de partir sur une formation de type Master Spécialisé en ingénieur d’affaire et gestion de projet à l’EDHEC à Lille.
À l’issue de cette formation, j’ai décroché un job en Normandie comme ingénieur d’affaire chez Coflexip Stena Offshore : une entreprise de fourniture d’équipements sous-marins pour l’industrie pétrolière. Trois années où j’ai appris à jongler avec la R&D, le design, l’ingénierie, la production des équipements sur site, à monter des dossiers COFACE de financement et de crédit à l’export, à travailler dans des équipes internationales multisites en Ecosse, en Norvège, en Iran ou au Brésil. J’ai pu apprendre le portugais en passant presque 5 mois au Brésil en 2000.
Et quand la routine a commencé à s’installer et aussi parce que je n’ai pas pu pérenniser mon séjour au Brésil avec un contrat d’expat, j’ai décidé de changer de crèmerie et ai rejoint Accenture en 2001 dans la practice Energy. Pendant plus de 5 ans, j’ai pu acquérir une autre forme d’expérience, moins scientifique mais plus transversale en gestion de projet comme la mise en œuvre de nouvelles organisations post fusion - acquisition, le Stream Value Mapping, le Business Process re-Engineering, l’accompagnement du changement et la mise en œuvre d’ERP.
Encore une fois, après plusieurs missions en France et à l’étranger, pour Total Raffinage, Gaz de France, Total Fluides Spéciaux et Qatar Gas, j’ai rejoint Technip en 2006 comme responsable technique et commercial dans le département des réponses aux appels d’offres sur le marché pétrolier sous-marin. Deux fusions et une scission plus tard (Technip Energies vs TechnipFMC), après plusieurs mois en Angola et 7 ans comme expat à Houston, Texas, j’occupe depuis 5 ans un double rôle chez TechnipFMC : Vice-Président de l’ingénierie d’installation et de construction sous-marine (800 pers environ) et Vice-Président de la ligne de produit « Rigid Pipeline EPCI » couvrant la R&D, l’ingénierie, la supply chain, la fabrication et l’installation sous-marine (300 pers environ).
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Je suis désormais basé à Paris, mais je voyage entre 5 et 15 jours par mois à l’étranger. Rencontrer différentes équipes, faire face à de nouveaux défis tous les jours et travailler dans un environnement multiculturel sont extrêmement motivants, stimulants à la fois intellectuellement et socialement. Passer d’une revue trimestrielle d’une nouvelle solution en cours de R&D à une réunion contractuelle avec un client ou un fournisseur, faire une visite de chantier dans le cadre d’un investissement ou développer un plan de recrutement et de rétention avec les opérationnels et les ressources humaines… Autant de sujets qui me passionnent et me font lever tous les matins avec la même énergie.
Apprendre tous les jours, rester curieux, rester ouvert à la critique en permanence… C’est à la fois une démarche et un aboutissement… Comme un processus continu d’amélioration, la destination est importante, mais le voyage pour y arriver encore plus.
Alors, oui, depuis 2001, j’ai retrouvé le même rythme de travail qu’en Prépa, mais qu’est-ce que je m’amuse en tant qu’ingénieur et manager.
Et comme TechnipFMC s’est engagé depuis quelques années sur l’adaptation de nos compétences, de nos équipements et savoir-faire a la Transition Énergétique en particulier l’offshore éolien, ce n’est pas demain que je vais arrêter d’apprendre et d’aller de l’avant.
Que vous a apporté votre formation au sein de l'école ?
La formation au sein de l’École était et reste une formation d’ingénieur généraliste. Certes, l’ancrage dans la mécanique et les microtechniques est fort, mais j’ai appris à SUPMICROTECH–ENSMM non seulement à faire moi-même au début de ma carrière, ensuite à faire faire et à travailler avec d’autres qui font de l’ingénierie dans différentes disciplines scientifiques : calculs de structures, corrosion, métallurgie, analyse vibratoire, système de contrôle automatique et instrumentation…
Après de nombreuses expériences et années à l’étranger, j’ai pu faire le constat que la formation d’ingénieur obtenue à l’École, mais plus généralement dans les écoles d’ingénieur en France était très solide, reconnue et appréciée. Notre capacite à appréhender un problème sous différents angles, de façon analytique, comme un système complexe, est puissante. On la doit à notre éducation et à notre formation.
Vous avez gardé un lien particulier avec l'école... Pouvez-vous nous en parler ?
En quelque sorte…
Pour commencer, j’ai presque tous les ans depuis 1996 été adhérant à l’association des anciens de SUPMICROTECH–ENSMM. Ça peut paraître anecdotique, mais c’était important pour moi de le faire et ça le reste.
En 2008, j’ai créé le groupe des Alumni ENSMM sur LinkedIn depuis devenu SUPMICROTECH-ENSMM Alumni (AIMM) avec plus de 1800 inscrits.
De retour en France en 2018, j’ai intégré le Conseil d’Administration de l’AIMM, je représente aussi notre association au sein de l’IESF et depuis juillet 2022, j’ai été élu Président de SUPMICROTECH-ENSMM Alumni (AIMM).
Je ne le fais pas pour moi, mais pour la communauté d’intérêt que tous les anciens élèves et diplômés de l’École représentent ensemble avec l’École.
Pour reprendre une expression américaine dans ce contexte, la question que je me suis posée n’était pas de savoir ce que l’École ou l’Association pouvait faire pour moi, mais plutôt qu’est-ce que je pouvais et peux faire pour l’École et l’Association. Tant que je pourrai être utile aux deux, je continuerai.